|
|
|
Gustave
CAILLEBOTTE
|
Peintre, mécène,
collectionneur
|
Gustave Caillebotte, dont les oeuvres personnelles
furent, jusqu'à peu, oubliées, fut à la fois un peintre reconnu et un
mécène généreux du mouvement impressionniste.
Il naquit en 1848 dans une famille très aisée qui batit
sa fortune dans les textiles puis dans les biens immobiliers à
l'occasion du redéveloppement du Paris du Baron Haussmann.
Ingénieur de profession, mais aussi
ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il
fut l'élève de Léon Bonnat, il rencontra Edgar Degas,
Claude Monet, et Pierre Auguste Renoir
dès 1874 et les aida à organiser la 1ère exposition des
Impressionnistes à Paris cette même année.
|
|
C l i q
u e z sur les i m a g e s
|
|
|
p
o
u
r
l
e
s
a
g
r
a
n
d
i
r
|
Autoportrait
à la palette
1879-80
Collection
particulière
|
En 1873, il hérite de la grande fortune de son père et sera
financièrement indépendant pour le restant de ses jours.
Les raboteurs de parquet
1875
Musée d'Orsay, Paris
|
|
En 1875, souhaitant faire ses débuts publics comme
peintre, il soumit une oeuvre au Salon Officiel qui fut refusée, ce qui
l'incita à exposer, soutenu par Renoir, dans le cadre -plus favorable-
de la deuxième exposition du groupe impressionniste, en 1876. Ses
oeuvres et en particulier les "Raboteurs de parquet"
y furent remarquées et appréciées. Il participera dès lors aux
expositions ultérieures des Impressionnistes
|
Riche et généreux, Caillebotte aidera financièrement tout au
long de sa vie ses amis impressionnistes en leur achetant leurs oeuvres
à des prix élevés et en supportant les frais de leurs expositions. Il
sera co-organisateur et co-financier des 3ième,
4ième, 5ième et 7ième expositions impressionnistes, auxquelles il
participera.
En 1881, il achète une maison avec jardin au
Petit-Gennevilliers où il réalisera nombre de ses oeuvres.
Horticulteur émérite, il correspond avec Monet à Giverny
et crée des orchidées dans ses serres.
Personnage aux facettes multiples, Caillebotte est également
un régatier qui se passionne pour la vitesse et
cherche à perfectionner ses bateaux. Architecte naval,
il les dessine et les construit lui-même dans un atelier situé à
l'emplacement actuel de la SNECMA. Il y créera de véritables pur-sangs
du fleuve, aux multiples innovations (voile en soie, lest extérieur,
coques aérodynamiques, etc.) avec lesquels il remporte de nombreux
titres internationaux.
|
Caillebotte peignit quelque 500 oeuvres dans un style
souvent plus réaliste que celui de ses amis impressionnistes.
Le peintre s'illustrera particulièrement dans des vues des rues
de Paris faites depuis des balcons élevés, dans des scènes de
la vie ouvrière, dans des paysages
naturels de jardins et parcs, et dans des scènes nautiques
(sur la Seine à Argenteuil et sur l'Yerres).
Son souci du détail, ses notes colorées, et son rendu de
la lumière font bien de lui un grand peintre impressionniste à
l'oeuvre originale et diverse.
|
|
Le bassin à Argenteuil
1882
Collection particulière
|
LE LEGS FAIT A L'ETAT
Caillebotte fera don, dans son testament rédigé en 1876, de sa
collection en ces termes :
"Je donne à l'Etat les tableaux que je possède ; seulement, comme je
veux que ce don soit accepté et le soit de telle façon que les tableaux
n'aillent ni dans un grenier ni dans un musée de province, mais bien au
Luxembourg et plus tard au Louvre, il est nécessaire que s'écoule un
certain temps avant l'exécution de cette clause jusqu'à ce que le
public, je ne dis pas comprenne, mais admette cette peinture.
Ce temps peut-être de vingt ans au plus. En attendant mon frère
Martial, et à son défaut un autre de mes héritiers, les conservera. Je
prie Renoir d'être mon exécuteur testamentaire ..."
Caillebotte devait décéder en 1894 d'une attaque d'apoplexie.
Les académistes, conduits par Gérôme, essaient alors
d'empêcher l'entrée dans le patrimoine artistique de la France
d'oeuvres impressionnistes qui furent constamment refusées au Salon
Officiel - en particulier les oeuvres de Cézanne qui faisaient partie
de la collection -, et l'Institut de France refuse dans un premier
temps le legs Caillebotte aux Musées Nationaux français.
|
En 1896, l'Etat autorisera les Musées Nationaux à
sélectionner dans l'embarassant legs Caillebotte les toiles dignes de
figurer au musée du Luxembourg.
Ceux-ci refusèrent parmi ces "dérives d'un art malsain"
vingt sept tableaux sur les 67 de la collection et accepteront : sept
pastels de Degas, huit Monet, six Renoir, sept Pissarro, cinq Sisley,
deux Cézanne et deux Caillebotte - joints au legs par Martial
Caillebotte après la mort de son frère - qui seront présentés dans une
annexe du musée du Luxembourg en 1897.
L'exposition suscitera de violents remous et provoquera
un scandale politique à l'instigation de Gérôme et
dix-sept de ses collègues, membres de l'Institut. Le Sénat sera ainsi
saisi de l'affaire.
|
|
Boulevard des Italiens
1880
Collection particulière
|
C'est ce don, que Renoir sut imposer à l'État après la mort
de Caillebotte, qui permet aujourd'hui à la France de disposer dans son
patrimoine d'œuvres majeures de Monet, Degas, Sisley, Renoir...Les
oeuvres refusées furent pour la plupart rachetées par un certain Docteur
Barnes dont la collection d'Impressionnistes est maintenant
enviée par nos musées nationaux (Exposition de la Fondation Barnes au
Musée d'Orsay en 1993-94) !
La collection ne sera intégrée au Louvre qu'en 1928, et se
trouve aujourd'hui au Musée d'Orsay.
CAILLEBOTTE et LA CRITIQUE de ZOLA
Zola, qui prendra le parti des Impressionnistes
vilipendés par la critique et refusés par le jury du Salon, sera
critique à l'égard de Caillebotte dont il dénoncera le
réalisme photographique lors de la deuxième exposition
impressionniste. Le peintre présentera les huit toiles suivantes :
Raboteurs de parquet, Jeune Homme jouant au piano, Jeune
Homme à sa fenêtre, Déjeuner, Après Déjeuner et deux Jardins. Zola
commentera ainsi le talent de Caillebotte dans ses Lettres de Paris de
juin 1876 :
"Caillebotte a exposé Les Raboteurs de parquet et Un
jeune homme à sa fenêtre, d'un relief étonnant. Seulement c'est
une peinture tout à fait anti-artistique, une
peinture claire comme le verre, bourgeoise, à force
d'exactitude. La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est
pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique, est une
chose pitoyable".
Lors de la troisième exposition impressionniste de 1877, Caillebotte
présentera les six toiles suivantes : Rue de Paris, temps de pluie
, Le Pont de l'Europe , Portraits à la campagne, Portrait de Madame C ;
Portrait et Peintres en bâtiments.
Rue de Paris
par temps de pluie
1875
Art Institute of Chicago
|
|
Zola émettra alors un avis nettement plus favorable dans
ses Notes Parisiennes - Une Exposition : Les Peintres impressionnistes
1877 - :
"Enfin, je nommerai M. Caillebotte, un jeune peintre du plus beau
courage et qui ne recule pas devant les sujets modernes
grandeur nature. Sa Rue de Paris par un temps de pluie montre
des passants, surtout un monsieur et une dame au premier plan qui sont d'une
belle vérité. Lorsque son talent se sera un peu assoupli
encore, M. Caillebotte sera certainement un des plus hardis du groupe".
|
Zola passera sous silence la présence de Caillebotte à la
quatrième exposition impressionniste. Il reprendra sa plume en 1880 (Le
naturalisme au Salon), année au cours de laquelle le peintre exposera
son Autoportrait, Dans Un Café et Vue prise à
travers un balcon.
"M. Caillebotte est un artiste très consciencieux, dont la facture est
un peu sèche, mais qui a le courage des grands efforts et qui cherche
avec la résolution la plus virile".
Le peintre, opposé à Degas, boycottera la sixième
exposition. Il reviendra en force à la septième en présentant dix-sept
toiles, malgré l'hostilité de Pissarro et grâce au soutien
de Monet. Monet et Caillebotte ne
participeront pas à la dernière exposition impressionniste de 1886.
|