Le pont de Narni
1826-27 |
SCHUBERT (1797-1828) - Sonate n°8 |
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"Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien" Claude Monet, 1897 " Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé..." Edgar Degas, 1883 Aujourd'hui, il est assez étonnant de lire l'admiration sans borne que Camille Corot (1796-1875) suscita de manière constante auprès de la nouvelle génération de peintres qui prenait son envol alors qu'il terminait son oeuvre. Il semble en effet étrange que ces artistes aient pu tenir autant en estime le "Père Corot", alors même que Corot prétendait rester étranger aux développements artistiques naissants, et désapprouvait l'action contestatrice de Monet et des "Indépendants". |
Introduction [au catalogue 1996 de
l'exposition "Corot"]
(ou "COROT le dernier Néoclassique
ou le premier Impressionniste ?") :
A partir des années 1930, les historiens de l'art ont essayé d'établir Corot comme le précurseur des Impressionnistes, l'inventeur des paysages baignés de lumière détachés de toute anecdote ou incident sans intérêt. Frappés par ses merveilleuses études peintes en plein air en Italie, les écrivains Germain Bazin et Kenneth Clark virent en Corot "le peintre à l'optique parfaite et au regard innocent" - en bref, le peintre de l'homme sans pensée - |
Depuis les années 1980, quand Pierre Galassi rapprocha les peintures en plein air de Corot de celles de ses contemporains Michallon, Bertin, Granet, Caruelle d'Aligny, les historiens d'art identifièrent Corot à la génération des peintres qui l'avaient précédé plûtot qu'à celle de ceux qui le suivirent.
Comme les oeuvres de ces peintres, et d'autres, devinrent plus connues, Corot fut de plus en plus classé comme le disciple obéissant de Pierre-Henri Valenciennes, le codificateur du paysagisme néoclassique, comme le dernier d'une lignée de peintres continuant de travailler une esthétique ayant pris naissance au 18ième siécle. Cependant, alors que chacun des deux points de vue contient une part importante de vérité, aucune classification de Corot -comme le dernier Néoclassique ou comme le premier Impressionniste - ne suffit à rendre compte de la totalité de son oeuvre. |
Par exemple, aucune explication satisfaisante ne rend compte de ses extraordinaires peintures historiques, comme "Agar dans le désert", "Diane surprise à son bain", "Démocrite et les Abdéritains", "Homère et les bergers", qui firent sa renommée en 1840 : le type de peinture qui fit dire à Baudelaire, "à la tête de l'école moderne du paysage se tient M.Corot". Ces oeuvres continuent de déranger les critiques modernes.
Aucune des 2 théories ne rend compte convenablement non plus de l'oeuvre de Corot comme portraitiste. Degas estimait que Corot était encore plus grand comme portraitiste que comme paysagiste, et recommanda à ses amis collectionneurs, tels Henri Rouart qui posséda la "Femme en bleu", davantage les portraits de Corot que ses paysages. Mary Cassatt conseilla également aux collectionneurs américains, les Havermeyer, Palmer, Colonel Payne, d'acquérir des portraits de Corot plûtot que des paysages. Encore, ce fut Corot le portraitiste qui impressionna Van Gogh, Gauguin et Cézanne. Dans les années 1910, Juan Gris et Picasso imitèrent des portraits de Corot. L'exposition de ses oeuvres organisée à la Paul Rosenberg & Cie. en 1928 influença profondément le travail d'André Derain et d'André Lhote
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Aujourd'hui encore Corot continue de poser problème aux historiens d'art et critiques, c'est pourquoi nous avons pensé devoir montrer une rétrospective dans laquelle chacun des aspects de son oeuvre soit pleinement représenté. Nous aurions pu ne montrer que ses tableaux les plus réussis et enchanteurs afin de présenter Corot comme un peintre conséquent et cohérent. Un des traits caractéristiques de Corot, qui apparaît bien dans cette exposition, est son dessin maladroit et ses compositions stéréotypées. Son oeuvre reflète les doctrines en apparence contradictoires du Néoclassicisme, du Romantisme, du Réalisme, du Naturalisme.
Quoiqu'il en soit, les artistes de Delacroix à Courbet
à Renoir à Picasso, qui connaissaient bien son oeuvre, la tinrent
résolument comme majeure. Nous espérons que cette exposition permettra
à la nouvelle génération de mieux connaître cette oeuvre et de
découvrir par eux-mêmes tout ce que ses tableaux ont à offrir.