Sur l'herbe
B. Morisot 1874 |
Francis POULENC -
Improvisation
N°15 "Hommage à Edith PIAF" |
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A une époque où la société était dominée par les hommes, quelques femmes avant-gardistes et combatives évoluèrent aux côtés des peintres impressionnistes, dont elles furent d'abord les élèves (et souvent les modèles), avant de se forger une personnalité autonome et d'être reconnues à part entière par le milieu artistique. Parmi celles-ci, Berthe Morisot qui devint la belle-soeur de Manet en épousant son frère Eugène, Mary Cassatt d'origine américaine qui devait contribuer largement à la diffusion de l'impressionnisme dans son pays, et Eva Gonzalès qui connut un grand succès avec ses pastels. |
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Berthe MORISOT au
bouquet de violettes
Edouard MANET 1872 Photographié au Musée d'Orsay, Paris |
Berthe MORISOT (1841-1895)
Fille d'un haut fonctionnaire préfet du département du Cher, et arrière petite-nièce de Fragonard, Berthe Morisot naquit à Bourges en 1841. Après la démission de son père en 1855, sa famille déménage à Passy où elle suit avec ses deux soeurs aînées, Yves et Edma, ses premiers cours de dessin chez Guichard en 1857, avant de rencontrer au Louvre en 1859 Fantin-Latour qui restera un ami fidèle. Elle est ensuite, avec sa soeur Edma, l'élève privée de Corot de 1860 à 1862, et, sur ses conseils, va peindre en plein air à Auvers-sur-Oise où elle fait la connaissance de Daubigny. Dès 1864, Berthe (ainsi qu'Edma) est admise au Salon, où elle expose des paysages. Elle y exposera régulièrement par la suite. Le même été Berthe et Edma s'installent chez le peintre Riesener à Beuzeval. En 1866 elles vont peindre à Pont-Aven. |
En 1868 Berthe rencontre Edouard Manet avec lequel
elle se lie d'amitié et qui va devenir son professeur. En même temps
Manet va fréquemment la prendre pour modèle ("Le
balcon" - 1868-69, "Le repos. Portrait de Berthe Morisot" - 1870,
"Berthe Morisot au bouquet de violettes" - 1872...).
En 1869, sa soeur Edma se marie et abandonne la peinture. Berthe, elle, va continuer et parfaire sa formation en entreprenant des voyages. En 1872 elle se rend en Espagne. En 1874, Berthe Morisot décide de se joindre à la première exposition du groupe des Impressionnistes, en y présentant des oeuvres d'une grande légèreté picturale, mettant ainsi en péril la notoriété qu'elle avait acquise grâce à sa production antérieure. Berthe Morisot, qui était dégagée de tout souci matériel, allait dorénavant soutenir avec ferveur et financièrement la cause des Impressionnistes et prendre part à toutes leurs expositions, excepté la 4ième en 1878 pour raisons de santé. |
La même année 1874, Berthe épouse Eugène Manet, le frère d'Edouard, dont elle aura une fille Julie en 1878.
Elle convaincra Manet de peindre en plein air à la manière impressionniste et d'adopter une palette de couleurs plus vive, et d'abandonner ses noirs profonds. Manet rend alors visite à Monet à Argenteuil pendant l'été 1874, où il peint nombre de toiles en plein air "La famille Monet au jardin", "Claude Monet et sa femme dans son studio flottant", "Argenteuil"...
En 1875 Berthe Morisot voyage en Angleterre dans l'île de Wight. Elle passe le plus souvent ses étés à Nice et les hivers à Bougival.
En 1881, elle effectue un voyage en Italie.
Dans les années 1881-83, elle se fait construire une maison à Paris, où elle recevra chaque jeudi peintres et écrivains : Degas, Caillebotte, Monet, Pissarro, Renoir, Duret (critique d'art)... Ses qualités humaines et artistiques lui valent le respect de nombreuses personnalités du monde de l'art parmi lesquelles Whistler, Puvis de Chavannes, et Mallarmé qui allait devenir son ami et son plus grand admirateur. Ses sujets artistiques favoris sont principalement les scènes du bonheur familial, les portraits de membres de sa famille (en particulier de sa fille Julie), dans lesquels elle privilègie la légèreté et les couleurs claires. En 1892, elle réalise avec succès sa première exposition personnelle chez Boussod & Valadon. En 1894, l'Etat lui achète pour la première fois un tableau. |
La mort d'Edouard Manet en 1883, celle de son mari en 1892, et de sa soeur en 1893 devaient assombrir la fin de sa vie. Berthe Morisot mourra en 1995 d'une grippe, et sera inhumée dans le caveau des Manet au Cimetère de Passy.
En 1895 un grand hommage lui fut rendu chez Durand-Ruel avec 300 de ses oeuvres et une préface de Stéphane Mallarmé. Sa fille Julie épousera un fils d'Henry Rouart, et la fille de sa soeur aînée deviendra la femme de Paul Valéry.
Mary Cassatt naît en 1845 à Allegheny, Pennsylvanie. Elle est la fille d'un riche banquier, ce qui lui conférera une distinction et une assurance auxquelles les impressionnistes, Degas en particulier, seront sensibles. Sa famille s'installe à Paris en 1851, puis en Allemagne de 1853 à 1855, avant de retourner en Pennsylvanie où elle suit les cours de la Pennsylvania Academy of Fine Arts de 1861 à 1865. En 1866, à la fin de la Guerre de Sécession, elle est une des premières artistes de son pays à quitter l'Amérique pour Paris afin d'y parfaire sa formation artistique. Elle y suivra des cours dans l'atelier de Gérôme. La guerre franco-prusienne de 1870-71 la voit repartir dans son pays, mais elle revient en Europe à l'issue de celle-ci, à Parme puis l'année suivante à Madrid et à Séville. Elle y est influencée par les oeuvres de Vélasquez et Murillo, tout en signant des oeuvres de la vie contemporaine espagnole dans le style de Manet ("Torero et jeune femme" - 1873). |
Mary Cassatt s'installe à Paris en 1873, rejointe peu après par sa mère et sa soeur Lydia. Elle y est admise à exposer aux salons de 1872 et 1874, mais connaîtra des refus en 1875 et 1877.
Pendant ces années, elle va établir une étroite collaboration artistique avec Edgar Degas. Elle s'inspire de ses conceptions artistiques, quand Degas, séduit par cette jeune collègue attrayante à l'aisance naturelle fondée sur la richesse, en fera, à l'occasion, son modèle.
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Degas lui conseille alors de se joindre au mouvement impressionniste. Mary Cassatt participera aux 4ième, 5ième, 6ième et 8ième expositions impressionnistes, où elle n'échappera pas aux critiques de la presse parisienne. Mary Cassatt affectionne particulièrement les portraits de femmes et d'enfants et choisit ses modèles parmi le cercle de ses intimes, sa soeur Lydia, Susan, une cousine de sa gouvernante. Comme Degas, elle aime les scènes d'intérieur, ce qui ne l'empêche pas de signer de belles oeuvres de plein air. Sa peinture subira également l'influence de Renoir. Avec le peintre américain John Singer Sargent, elle sera le premier artiste américain à apporter une contribution américaine à l'impressionnisme, et favorisera grandement la diffusion de l'impressionnisme dans son pays. Celle-ci prendra son essor avec la grande exposition des
peintres impressionnistes organisée par le marchand d'art Durand-Ruel
en 1886 à New-York, qui allait
susciter un véritable engouement pour la nouvelle peinture française
aux Etats-Unis. |
La contribution de Mary Cassatt fut également
déterminante, à travers son amie d'enfance Louisine Elder,
future femme de Henry Osborne Havemeyer (1847-1907),
grand collectionneur américain qui allait, sur ses conseils, incorporer
dans ses collections nombre d'oeuvres impressionnistes.
En 1891, Mary Cassatt réalise sa première exposition personnelle chez Durand-Ruel à Paris, puis exposera chez le même à New York en 1895. En 1894, Mary Cassatt acquiert le Château de Beaufresne au Mesnil-Théribus, dans l'Oise. En 1898, elle voyage aux Etats-Unis (où elle se rendra une dernière fois en 1908). Puis en 1901 en Italie et en Espagne. Mary Cassatt est nommée chevalier de la Légion d'Honneur en 1904, puis membre de la National Academy of Design de New York en 1910. .En 1910-1912, elle effectue à nouveau de longs voyages en Europe. |
A poartir de 1914, année de sa dernière exposition personnelle chez Durand-Ruel, Mary Cassatt devient progressivement aveugle et doit abandonner la peinture. Après avoir perdu ses parents et sa soeur Lydia, elle finira ses jours au Mesnil-Théribus.
L'oeuvre d'Eva Gonzalès, pleine de poésie et de sensibilité, connut de son vivant un grand succès, en particulier ses pastels aux couleurs claires et aux formes douces. Elle reçut les éloges de Zola et de Castagnary (critique d'art) Elle épousa en 1878 le peintre et graveur Henri-Charles Guérard (1846-1897). Endeuillée par la mort d'Edouard Manet en 1883, elle devait mourir, la même année à 34 ans au moment de la naissance de son premier enfant. Jusqu'à nos jours, Eva Gonzalès n'a pas connu le même succès auprès des amateurs et historiens d'art. |
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